Soignons son microbiote autant que son entraînement
Le contexte sanitaire sans précédent que nous venons de traverser a brusquement mis à l’arrêt la filière équine ces derniers mois. Son redémarrage est amorcé avec la réouverture des établissements équestres au public et le maintien des courses et épreuves jeunes chevaux. L’heure de la reprise de l’entraînement a donc sonné pour bon nombre d’équidés. Cette période particulière peut avoir un impact sur leur intestin, ce « deuxième cerveau ». Nous vous proposons ce mois-ci une courte synthèse bibliographique ainsi que nos recommandations pour gérer au mieux cette période de transition.
Le gros intestin : hôtel à micro-organismes
Le caecum et le côlon du cheval possèdent des caractéristiques environnementales idéales pour le développement microbien et abritent une flore d’une très grande variété (protozoaires, virus, champignons, bactéries…). En quantité, ce sont majoritairement les bactéries qui colonisent ce segment de l’appareil digestif et qui vont nous intéresser.
Grâce à des techniques de biologie moléculaire, il a été possible de mettre en évidence, entre autres, dans le gros intestin l’existence de bactéries cellulolytiques et fibrolytiques représentées majoritairement par les phyla Bacteroidetes et Firmicutes (tels que Clostridium spp ou Ruminococcus spp). On retrouve également l’existence de populations amylolytiques et glycolytiques représentées surtout par les streptocoques et les lactobacilles (bactéries productrices de lactate) ainsi que des bactéries utilisatrices de lactate telles que le genre Veillonella sp et Megasphera sp. L’ensemble de ces populations ont la capacité de dégrader les glucides pariétaux tels que les fibres ou l’amidon non digéré dans l’intestin grêle et de les convertir en acide gras volatils, source essentielle d’énergie pour le cheval. Il apparaît donc évident qu’un microbiote équilibré et bien développé est essentiel pour optimiser l’assimilation des nutriments et valoriser au mieux la ration alimentaire.
Influence de la reprise d’une
activité post-confinement sur le
microbiote
Le confinement a bouleversé le quotidien de beaucoup d’équidés : diminution ou arrêt prolongé de l’activité physique, mise à l’herbe, réduction des apports nutritionnels… En raison de la limitation des déplacements, les vaccinations et vermifugations ont aussi pu être retardés.
Il a été prouvé que le retour à l’activité physique, pouvant être vécu comme un événement stressant pour l’organisme (tout comme le transport en concours), avait une influence sur la composition du microbiote[1]. De plus, la reprise de l’entraînement après un arrêt prolongé implique une réadaptation du cheval à l’effort, la demande énergétique est alors accrue. En plus d’une ration qu’il faut réadapter aux besoins énergétiques actuels du cheval, un bon équilibre du microbiote est essentiel pour la valoriser au mieux et optimiser l’assimilation des nutriments pour espérer retrouver au plus vite la condition physique d’avant le confinement.
Cependant, gare à la transition alimentaire trop rapide : la modification de la ration est reconnue comme le principal facteur à l’origine de dysbiose intestinale, particulièrement pour la transition aliments cellulosiques / aliments concentrés qui doit se faire de manière progressive. Un changement alimentaire trop brutal cause une prolifération des bactéries productrices d’acide lactique dans le côlon plus vite que celles utilisatrices de lactate, pouvant induire une acidose. Les conséquences peuvent être des diarrhées, des coliques, des ulcères gastriques, une fourbure et même conduire au décès de l’équidé[2].
Comment gérer au mieux ce
changement de rythme ?
Nos recommandations :
- Réaliser une transition alimentaire progressive (surtout si transition herbe/concentrés).
- Adapter l’activité physique aux capacités du cheval.
- Vérifier le statut parasitaire : une étude[3] a conclu que les infestations de strongles provoquent une réduction des populations bactériennes productrices de butyrate, ce dernier possédant des propriétés anti-inflammatoires.
- Soutenir le microbiote à l’aide de prébiotiques : il a été montré que les prébiotiques tels que les fructo-oligosaccharides (FOS) pouvaient réduire la dysbiose intestinale associée à un excès d’amidon dans la ration et aussi stimuler le développement de la flore bénéfique au détriment de la flore pathogène tout en améliorant les capacités cellulolytiques et glycolytiques du microbiote intestinal.[4] Les probiotiques participent également à réduire le développement d’ulcères gastriques. [5]
Les + de notre Gamme Process®: Grâce à sa technologie ProbioactiFAP®, les prébiotiques de la gamme Process® ont également démontré une amélioration de l’absorption intestinale par un effet trophique sur les microvillosités et une stimulation des défenses locales de l’intestin (Etude interne Original Process, 2013).
Synthèse élaborée à l’aide des articles suivants :
- La diversité de l’écosystème microbien du tractus digestif équin-Synthèse par l’INRA
- Factors Influencing Equine Gut Microbiota: Current Knowledge-Article de synthèse, Journal of Equine Veterinary Science
- Fructooligosaccharide supplementation in the yearling horse : effects on fecal pH, microbial content, and volatile fatty acid concentration – Etude expérimentale sur les effets d’une supplémentation en prébiotiques
[1] Garber & al, 2020. Factors Influencing Equine Gut Microbiota: Current Knowledge. Journal of Equine Veterinary Science.31 janvier 2020. Vol 88.
[2] Garber & al, 2020. Factors Influencing Equine Gut Microbiota: Current Knowledge. Journal of Equine Veterinary Science.31 janvier 2020. Vol 88
[3] Clark A & al, 2018. Strongyle infection and gut microbiota: profiling of resistant and susceptible horses over a grazing season. Front Physiol 2018 ;9 :272.
[4] Berg & al, 2005. Fructooligosaccharide supplementation in the yearling horse : effects on fecal pH, microbial content, and volatile fatty acid concentration. J.Animal Science. 83, 1549-1553.
[5] Nadeau J.A., Andrews F.M. et al., 2000. Evaluation of diet as a cause of gastric ulcers in horses. American Journal of Veterinary Research 61:784-790
GP-R-FR-NON-200600010